La PJJ est trop dépensière dans la gestion de sa masse salariale. C’est par cette justification que, le 31 juillet 2024, la directrice de la protection judiciaire de la jeunesse, annonce la suppression au niveau national d’environ 500 postes d’agent·es non titulaires sur les 2000 qui sont sous contrat avec la PJJ, qui compte 10 000 professionnel·les au total. Ce sont environ 20 000 jeunes qui sont accompagnés par les 500 collègues concerné·es.

A cette annonce, les professionnel·les, déjà sous tension en raison de la charge de travail trop importante, ont réagi par le dégoût et la colère.

Direct, l’intersyndicale s’est (re)constituée et les OS (SNPES-PJJ/FSU, CGTPJJ, UNSASPJJ, CFDT) ont rédigé un tract fustigeant cette décision inacceptable et incompréhensible. Alors que nous avons vécu, il y à a peine quelques semaines, une séquence politique particulièrement intense, instrumentalisant la justice des enfants et la PJJ à des fins sécuritaires et discriminantes, comment expliquer une telle saignée dans les moyens dédiés à l’accompagnement de ces jeunes ?

Ladite directice, dont le courage est bien connu, administre et ne veut surtout pas contrarier Bercy. Alors, sans problème, elle fait transmettre aux directions régionales le soin de couper dans les effectifs et se rit des conséquences pour les contractuel·les et les jeunes et leurs familles qu’iels accompagnent. Tant pis pour le service public de la PJJ. Ainsi, les services des professionnel·les qui, bien qu’iels avaient signé des renouvellements de contrats, s’entendent dire que finalement, c’est terminé et que peut-être, si on a le budget nécessaire, on pourra les réembaucher dans deux mois. Idem pour des annulations de procédures de recrutements pour des professionnel·les qui avaient fait des démarches pour débuter leurs missions à la PJJ.

Le 06 août, le cabinet du Garde des sceaux annonce le déblocage d’une réserve budgétaire de trois millions, mais la DPJJ n’affecte pas l’intégralité de cette somme aux RH. Où est cet argent ? Le 16 août, la DPJJ, plus par peur de condamnation devant le TA que par une prise de conscience des conséquences pour les contractuel·les concerné·es, transmet au DIR un nouvel arbitrage, indiquant que les contrats signés et transmis avant le 31 juillet seraient honorés. Sur le territoire de la direction territoriale Lorraine Sud, cela concerne dix voire onze collègues sur les 15 contrats refusés – pour donner une idée de la purge. Sur notre territoire (54-55-88), initialement, cela touchait 27 recrutements contractuels autorisés (prolongation de contrats et nouveaux recrutements).

L’annonce du 06 août est une avancée, mais largement insuffisante. Grève et mobilisation le 14 août : plusieurs services ont un taux de grévistes important, certains atteignant les 100%. La mobilisation a aussi une couverture médiatique nationale et locale quasi historique. Malgré cela, la DPJJ confirme qu’elle n’utilisera pas les trois millions débloqués par le ministère de la justice pour renouveler tous les contrats indispensables au bon fonctionnement des services.

L’intersyndicale appelle donc à une nouvelle journée de mobilisation et d’action le 29 août. Des rassemblements importants ont lieu dans de nombreux territoires et la grève est encore en hausse. Sur certains territoires, des élus viennent apporter leur soutien. Des avocat·es, des greffier·es et des magistrat·es manifestent devant les Tribunaux Judiciaires. Des délégations sont reçues en DIR et en juridictions. Une fois encore, le combat que porte l’intersyndicale est largement relayé sur le plan médiatique.

La pression et la mobilisation ont déjà permis certaines avancées : renouvellements de contrats dans les différentes DIR, déblocage d’une enveloppe de trois millions d’euros par le ministère, saisine de l’Inspection générale de la justice (IGJ) et de possibles autorisations dans certaines DIR à recruter à nouveau à compter du 1er novembre (à confirmer).

Malgré tout et pour l’heure, cela n’est pas suffisant et il faut pouvoir étendre la mobilisation afin de défendre une justice des mineurs de qualité.

En plein cœur de la crise qu’elle a elle-même provoquée, la directrice de la PJJ se permet même de mépriser le dialogue social et les demandes de l’intersyndicale. Alors que l’intersyndicale a demandé des données chiffrées sur la situation actuelle pour la rencontre avec l’IGJ, la directrice se permet de différer la transmission de ces informations. Un nouvel appel à la grève et à la mobilisation est lancé pour le 19 septembre 2024.

Néanmoins, est-ce que seule les grèves et les mobilisations suffiront à faire plier la DPJJ ? Au regard des derniers mouvement sociaux, celui contre la réforme des retraites notamment, la question des moyens à engager pour construire un rapport de force se pose.

Une autre piste, à mener en parallèle des appels à la grève et aux mobilisations, est de réunir en AG les professionnel·les, sur les lieux de travail, pour qu’iels réfléchissent et imaginent des moyens d’actions qui pourraient aider à mener le combat. Comme toujours, les travailleur·ses, collectivement, sont les mieux placé·es pour décider des modes d’actions.

Au STEMO d’Epinal, où il manque déjà 2,5 ETP, c’était quatre professionnel·les non renouvelé·es avant la décision du 06/08. C’est désormais deux et c’est encore inadmissible. En plus de la grève du 19/09, l’équipe va se réunir et mettre en place des actions pour maintenir ces collègues et obtenir le recrutement d’autres professionnel·les nécessaires à un travail de qualité.

Aussi, ce mouvement permet de mettre en lumière qu’à la PJJ, 2000 collègues sont précaires, soit 20% des effectifs. Iels travaillent pour certain·es depuis plusieurs années sous contrat. Sans elles et eux, le service public de la PJJ ne fonctionne pas. Un plan de titularisation des agent·es non titulaires pour en finir avec la précarité est indispensable.